décembre 20, 2006

dans ta yourte héroique

kickapoo speaking

Kickapoo (Bill Wahpepah) parlant à la Medicine Men Conference, Intertribal Friendship House. Oakland CA, 1979

décembre 09, 2006

épiphanie de Jah Klacan

Jacques Lacan dans sa cage.
Jacques tourne comme un lion,
sémine et dissémine du signe...
Bientôt, dans l'habitacle embué,
Jacques fore canal.
Canal lacan ou la grande évasion...
Mais qu'est-ce qui d'abord passe par là ?
et qu'en sort-il, tout cochonné comme ça ?
Lacan-la-mort insiste aux abords du fort clos,
quand tout passe au canal.
Par l'écluse, boules et bouchons noirs, masses marrons passent.
Mais pas Lacan.
Il y profite pourtant, tout grassouillet qu’il est.
Avez-vous déjà vu Lacan ?
Nulle matière n'y manquait :
un petit tas.

Là donc à la cage, faisant le chaman,
Lacan mathématise l'analcanal,
en tralala d’au-delà, en chamaille à maman-caca,
de la carafe à tata, du trou de néant par où passe la canaille.
Houdini divulgant.

Esquivant Monsieur Loyal,
Klacan le trickster est né, c'est Jah Klacan,
filou tuyautant le médiumnique,
qu’en bon pythiste il chique,
à la Lacan, par nœuds langués.
ça c'est Jah Klacan, l'canal Lacan.

C’est vrai ce Klacan là patraque la langue.
Dans son canal il trafiquote, en bon papa-cancan.
Son nez en gros signe y fiente.
Gonflé à bloc il y gouroute.
Il canalyse.
Face au canal, s'impatiente Monsieur Loyal.
Qu'est-ce qui sort de la cage ? Roulement de tambour.
Et d'un coup sans crier gare,
Klacan Jah simule mamie.
Mamilacan, qui rigole et qui tricote,
qui fait des nœuds, déroule des pelotes,
et caquète au nain conscient :
Langage de roi-singe, à la saint-signe, à la lettre elle vole le titre,
juste à la place de l’Autre, en monnaie mimétique.
Sa langue d’oiseau l’imite.
Le djinn génie le singe, et laisse le Dresseur désoeuvré.
Mais qui limite ? mamilacan ? Monsieur Loyal ? qui gène la signif’ ?
C’est cette diablée chamaniste !
Juste une petite queue déchaînée, de reptile raptant l’absent,
et hop le petita de la démonée, waow des mots chaînés !
Applaudissements.

Klacan-trickster volant,
djinn de rapt en transport hardi,
sort le tapis tapi,
glisse d’extase à la volée...
Chevauché d'hystérie miraculante (et pourtant larvée)
oh bien jusqu’à l’au-delà au moins !
Pas par canal anal, non non non, par bain-marie.
Plouf. Numéro accompli.

Oui c’est ça, à la décalque, trempée d'empreinte :
au nom du père du fils et du saint esprit,
signé d’avenir marial et couvert d'oboles
Klacan évoque Lourdes ou Benares,
branché sur bassin d'eau soignante,
Cures thermales où fleurissent :
chapelles à loto, casino sacrés...
Où baignent aussi malades et mourants...
L’eau passe-t-elle au sanctuaire ?
Roulement de tambour.
De l’eau de l’a.
Bonne réponse. Applaudissements.

La langue sûr on baigne dedans,
enfin l’eau de là ne ment pas.
Elle ne ment pas face à,
la langue face à face au,
ça bégaye mais ça le dira,
face à face à faface au : trou de néant.
Klacan Jah, Canal Lacan face à,
face au face à la mortuaire,
là où on meurt,
la langue canal.

Allo Jah Klacan ?
A qui je me mens ?
Non non mais y a qu’à klacaner lacan !
Dans l’eau limpide de l’olympe,
c'est tout un stade de miroirs !
ça c’est du sport propice aux songes !
Tragique trafic avec l’au-delà,
on y fait de l’or, on rigole bien.
On bricole là-dedans.

Canal Lacan







décembre 04, 2006

jargonnons


Pourquoi faire la yourte ? Pour se rendre inassignable, sans pour autant perdre foyer. C'est important d'avoir foyer, mais un foyer pas assigné, pas raciné. Un foyer pour les récalcitrants de la langue de l'homme. Un asile en somme. Un asile à malparlants.

Vu de dehors, la yourte n'est qu'une peau. Elle tient à rien ou à pas grand-chose, mais quand même au vent elle s'envole pas, c'est facile pour décamper, ça se démonte et ça se remonte n'importe où, c'est de la babel en kit pour pas s'alourdir à outrance.

De la peau dehors, et dedans du mot. Mais du mot pris par le ventre, qui sonne pas-comme, qui résonne là, qui ventronne. Qui vibronne la peau cachée. Qui tambourine. Dans la yourte donc on ventronne, on fait le bruit qui fait le mot. On tourne la langue dans les joues, on trouve des grumeaux de mots. On trouve des parler-vilains, des oubliés, des pas-encore-parlés, pas-reconnus, des inouïs, malparlés, inusités.

Dans la yourte, marmite migratoire, les moch’mots les pondons parmi les bouch’tordues des expatriés des exilés. Les accents les mâchons, les vieux, les nouveaux, les proches, les loins, les prochains, les mâchons. Les bouches les plongeons dans la marmite, les langues d'humain sous la yourte, les mettons là cuisson. Langue de cuit, langue de confit, les touillons. Laits de langue les touillons. Limaces parlantes les touillons. Aux routes y goûtons, aux goudrons de migration. Y goûtons sous la yourte, où les mots rampent et goûtent aux routes, aux stries du territoire-bouillon.

Cette langue qu’on dit maternelle, la yourtons. Son vieux lait, l'yaourtons. De la maternelle, fromageons. Une langue à traire où jargonnons.