avril 25, 2009

curiosité


Sur ce terrain, ce qui a court en premier lieu, c’est une forme limpide et affirmée d'oisiveté. Le temps passe, n'atteint rien de tout ce qui se trouve ici, baigné d'oisiveté.

Qu'un volatile soit là par exemple, à rôder dans les parages, à jaboter, se reluquer, se toiletter sans cesse, alors que rien ne se meut, qu'il soit là, lui, l'émeu, aux alentours, fait langage. Un bec sur un cou, un cou sur un corps, un corps sur des jambes, des jambes sur des serres, des serres sur le sol, passent et cela fait language. Quelques gestes existent, capables de remplir l’espace du terrain. Le terrain s'en trouve orné, jardiné.

Etre cela qui passe, par ici dans le jardin, est une raison suffisante. Le temps, c’est là que ça se fait, c'est comme ça sur le terrain, pendant qu'une chose plumeuse s'enroule à une autre chose plumeuse. Pendant qu'un être d'air persiste au sol, la cuisse légère, la haute serre s’abattant là, sur terre muette d'ici-bas.

Ne décolle pas, ne vole pas, court parfois dans le jardin. Tue le temps alentour, coquette fourrure de vent, pavane dans les lauriers, vitesse là suspendue aux fleurs.

Et hop une serre retombe encore à terre, à mi-chemin le long corps animal. Ne rien faire d'autre que soi, c’est être elle, bête femelle, encore duveteuse au jabot, faisant nuage au-dessus du sol, tenant langage d’enjambées, tête plongée dans le col, se grattant du bec au tournant. Claquer du bec aussi, à tête froide, pas sentimentale, l’œil sans cil, fixe et toujours ouvert.

En tant que telle, inquièter l’homme.

Encore haute sous la torsion, un œil vagabond au bout du cou vrillé, de cette façon faire peur à l’homme. Faire froid dans le dos humain, de son propre œil sans paupière qui peut regarder son propre cul. Dedans le cou, la glotte coulisse en longue déboulée sur l’œsophage, percute sec, boumboum, se fait bien entendre sur terre d'ici-bas, face muette.

Boumboum dans l'espace, la pomme coule au caquet, frappe la panse de l'oiseau, vestige reptilien en jet de gorge et fleur de plume, tambour et serres-ventouses, de temps en temps décollant la croûte de terre muette, ici dans le jardin du bas.

Gratte le sol, écrit de ses grandes jambes de grande saurienne, inscrit, incise, scrute une trace laissée par sa marche ovipare, perpendiculaire à l'azur, en juste redressement d'animal, sans aile à l'horizon.