septembre 24, 2007

Construire la yourte



Construire la Yourte c'est déjà partir. Partir d’une violence faite à la langue dans la langue, partir d’une nécessité personnelle de violanguer l’idiome natal.

À un moment le besoin existe de quitter la langue du dedans, besoin de faire un dehors à l’estouffade langagière, de tromper la langue, en bon traître, en fils indigne, en adule-terre. C’est ce que je veux nommer par le nom de yourte, ce mouvement tellurique d’un dedans vers un dehors de la langue. Dehors, c’est la yourte, dedans, c’est le mond’poche, tissé par la lang de l’hom. Moi pour l’occasion, c’est Jah Klacan.

Construire la yourte, c’est aussi partir dans un autre sens, qui contredit la notion précédente du « partir de », du « point de départ », de l’origine en somme. Toujours déjà parti. C’est être à la recherche d’un site agissant, mais qui n’aurait presque pas besoin d’exister, ou besoin seulement d’un presqu’exister, qui s’écrirait comme la géographie d’une quête pouvant se perpétuer partout, parce que justement privée d’un lieu où l’assigner. Une yourte, babel en kit, un habitat pour foutre le camp.

Yourter la langue, ou faire la yourte dans la langue, si l’on prétend se faire comprendre, comment ce nuage de sens pourrait-il encore être éclairci ? Faire la yourte, yourter la langue veut dire :

J’habiterai la langue à ma manière propre, je déjouerai les assignations de la langue (ses effets de dominance), je la rendrai habitable, espérant par là rendre habitable le monde lui-même.

Je deviendrai un redresseur de tort, une sorte de batman, de robin des bois, un zorro de la langue. Je vengerai les opprimés, les assignés, les malparlants, avec pour masque le nom de Jah Klacan.

Sphinge à Klacan



Ici dans la yourte, vivants se font sphingeants, habitant l'énigme en source de langue, soyant au chaud à la yourte, là où le vent parole attend, sphingeons à la yourte en plein dans l'énigme, où les vivant s'prennent la culbute de silence yourté, soyons à la yourte avec les choses dedans, l'poêle de fonte, l'tapis langue, l'vent parole, l'image radicelle, l'sexe animal, bref tout bastringue qui fait la chaire énigmatique et déculturante des mots tapis, la sphinge qui bien incrustée d'motifs entrelaçant, s'enlace en répétition.

En verve à commencement, ça sphinge, ça sphinge et la vie-là s'énigmatise en rien d'commun. Dans la yourte ça sphinge, ça fait du rien d'commun, ça sphinxifie l'existant. C'est dans la yourte que sphingeons mais depuis-là s'communisons quand même, tendons à ça, à s'communiser comme ça peut, vergogne au vestiaire voulons s'proférer ici, entre les vivants qui sont là, et les vivants qui sont là sont plus dans l'comprendre mais dans l'viv, et s'trouver comme ça dans l'viv c'est viv tant qu'on vit dans la vie, dans l'faire et dans l'sentir, c'est-à-dire entre les choses du monde, comme celles d'avant la langue et comme celles d'après.

avril 20, 2007

impouvoir et poisonnement



si le peuple manque, s’il disparaît, s'il est peuple en mourance (comme le sentons bien comme il faut ces temps-ci) c’est que quelque chose tue ce qui pourrait faire peuple-là, aujourd'hui, maintenant.

Et bien radotons, radotons : pensons que cette chose est langue-de-l’homme. Langue-de-l'homme est poison d'un peuple. Langue-de-l'homme fait du rien là où il y aurait du possible, langue-de-l'homme absente le quelque chose en germe de peuple. Langue de l'homme est le langage construit pour que certaines choses ne soit pas dites, pour que personne ne puisse plus les dire. Alors ne pas croire qu'il y aura de nouveau peuple sans nouvelle langue ! Plus jamais peuple sans autre langue que langue-de-l’homme, qui est poison ! Pour l’autonomie symbolique de la gente humaine, pour faire peuple là où langue-de-l'homme ne le dit pas, étranglez l’homme dans sa langue serpentine, dans cette langue de pouvoir et poison !

Pour vivre pour de bon parlez autrement qu'en langue de pouvoir et poison ! Etudiez la langue de pouvoir et poison, et regardez : quand croyons dire quelque chose, c'est elle qui parle, c'est elle, la langue, qui parle ce que soyons, qui dit ce que vous êtes, c'est elle etc... Alors inspectez bien l'endroit d'où ça poisonne, l'endroit d'où ça parle et où ça assigne, car l’antidote, croyez bien que c’est encore parler, croyez bien que l’antidote c’est d'encore faire langue, et d'faire pencher la langue vers une autre langue, une langue travaillée d’vérité. Que vérité travaille ta langue, camarade, qu'elle soit travaillée dans l'parler cette vérité de langue ! Que vérité mette en branle la langue est l’antidote !

Mais pas la vérité du genre “Moi Vérité, grand'souveraine du grand discours ”, non pas "l'bon jugement d'la bonne parole en grand’pertinence ”, ça encore c’est pouvoir et poison !

L'antidote est qu'il y ait langue d'une vérité qui est nous, qui n'est pas autre chose que nous, vie dans la vie, la vérité-là c'est ce que vivons-là, c'est l'expérience de créature, qui est du dedans de la vie, c'est ça vérité, c'est pas l'discours véridique de faux créateur, de théoricien du dessus-de-vie à la petite semaine ! La vérité c'est pas la démiurgique de tout-puissant qui se met soi-disant hors situation, qui s'assigne à une bonne place sans existence, qui se crée son petit dehors-à-décréter, qu'est rien d'autre que le jugement qui t'assigne à un dedans pauvre et sans mot, merdeux et aveuglant.

Fabrique une langue pour voir ! Créature la lang-de-l’hom ! Impouvoire-la ! Fais l'dehors de langue-de-l'homme, fais une langue du dedans ! Fais une parole de créature ! Vide la baudruche ! Aime vérité ! Ecoute la langue d’Oiseau ! Ecoute l'énigmatique-là, la langue de monde vivant ! Rend-toi à l’évidence, vide la baudruche à la louche ! Rend-toi à la louche évidence ! Va t'en mouler ton fromage à toi ! Va t’enténébrer dans l’incarnat, en créaturielle fromagéité ! Vois si là y'aurait du possible, du praticable !

mars 06, 2007

Jah Klacan, un redresseur de tore (3)


Si yourtons colère, si nous mettons sous sa coupe, si sous la coupe à grognante trempons langue et décivilisons l'idiome, c'est que sentons nécessaire de faire cette sorte de contre, de faire un bon non de négation dure à l'intérieur du cours tranquille de la langue à dominer. Et là encore c'est pas assez, Klacan encore un effort pour faire la yourte ! Faut que fassions du contre, du contre et du contre et du contre, pouvons l'dire là, pouvez l'affirmer oui, pouvez même dire voilà ce qu'ils font, et ils font seulement ça : chignolent n’importe comment dans la langue pour faire du contre, sont un peu cons... Mais ça creuse et ça bastonne contre une langue, la langue-de-l'homme, et ça suffirait bien, car tenir du martial, à certains moments, c'est ce qui faut pour pas étouffer, pas crever sous sa planche.
Pensons qu'il y a encore à paroler, et à paroler pour ne rien dire en quelque sorte, trouver rien à dire d'autre qu'une autre langue, juste pour mettre à jour tout ce qu'agite ce dedans troué, tout ce qu'avions dans le dehors caboché qui nous tient lieu de monde.
Car monde-poche est monde pensé-fabriqué, mais par qui, et comment ?
Avons fâcheuse intuition que ce monde-poche où sommes nés, où sommes priés de tenir malgré tout, est pensé à même la langue, qu'il est comme bâti pour rentrer dans une seule langue, qu'il est comme construit de telle sorte qu'il tienne sous la pire planche assignante, qu'il est organisé pour être discouru comme ça, d'une certaine manière où il n'y aurait plus rien à dire d'autre que ce qui est déjà dit...
Alors yourter langue induit colère, oui biensûr, yourter c'est nous barbariser pourrions dire, au sens où à chaque petit empire de chaque dedans, lui montons son dehors, à chaque fiefé pouvoiré, lui démontons son puzzle à verber, et bien yourté, lui poussons sa petite poussée barbare. S'il y a violence-là, c'est parce que dans ces eaux-là, cherchons, creusons, et assumons ce que trouvons, comme là ces bouts ces mots que tu lis, les assumons violemment contre toute l'assignation que ressentons là où ça parle. Hystérisons la conversation mais tant pis, faut que ça cogne là où ça m'assigne... que comme ça que bousculons les entre-quatre-planches qu'on est, un tant soit peu, dans l'ébranlement d'une langue autre, pas faites pour t'assigner. Voilà qui changerait, non ?

Qu'les mots rampent et gouttent aux routes,
aux stries du territoire-bouillon !

février 27, 2007

il n'y a pas de langue-mère

Il n'y a pas de langue-mère, mais prise de pouvoir par une langue dominante dans une multiplicité politique. La langue se stabilise autour d'une paroisse, d'un évêché, d'une capitale. Elle fait bulbe. Elle évolue par tiges et flux souterrains, le long des vallées fluviales, ou des lignes de chemins de fer, elle se déplace par tache d'huile.
Deleuzé Goitarry

février 08, 2007

TouzensembleuTouzensembleuOuai ! Ouai !


Tambouillons langue de l'homme, moulons-la à la louche, camarade ! Sédimentons l'énigme en parole, pour qu'elle ressemble à ce qu’avons dedans, à ce que sentons dehors, qu'au réel ça ressemble un tant soit peu cette foutue langue ! Au réel qu'est là moulé dans la vie, et même plus louché qu'moulé, à la louche ravinons la vieille planche de l’homme, sa planche à discourir l’assignation, bien la miter sa planche, la miter en vermoulures moulées, et jusqu’aux nœuds lacaniens, les fâmeux, parce que l'mot, selon Jah Klacan, n’est pas-seulement-signe-mais-nœud-d'significations. Et parce que la planche de l'homme, tous y mordons, la planche à dominer, tous y avons l'croc planté, dans la planche d'assignation, certains l'avons jusqu'en travers de la gorge la planche, voilà où gît la langue de l'homme, voilà l'endroit du véritable empêchement, allons faire les termites, la planche la mitons, la rabotons et lui pelons les lambeaux, lui remixons les sciures en agglomérats, et les noeuds de langue, les faisons tourner dans la bouche comme vieux quarante-cinq tour, et entre moi et ma caboche calons les bouts d'planche remixée, les tournons en tournu'jargoneux. C'est la bricole où cuisinons, c'est la kitchen où bricolons, c'est là qu'hurlons, comme y jurons, c'est là qu'yourtons, c'est la yourte gutturale où fromageons la langue de Gaulle.

je-ne-comprends-pas


le plus souvent, je-ne-comprends-pas revient tacitement à cette injonction : «parle dans ma langue». Pas dans la yourte.
Là il n'y a rien, à proprement parler, à comprendre, si parler peut se faire proprement, il n'y a rien à comprendre, rien que la langue de l'autre, rien que DE la langue, rien que DU dire, rien qu'une modulation sonore qui comprend (au sens d'un contenir) une adresse, un appel. Tu dis Je-ne-comprends-pas, mais il n'y a pas à comprendre, il n'y là aucune sorte d'argument. Je-ne-comprends-pas, ici tu ne peux le dire, tu ne peux pas dire que cela tu ne le comprends pas. Je ne te connais pas, mais voilà ma théorie sur toi, ma yourthéorie, camarade.

janvier 10, 2007

Jah Klacan, un redresseur de tore (2)


De quoi d'autre pourrait-elle bien s'enorgueillir, la France ? De quelle autre fierté que le fromage ? Voici la seule grandeur que puissions reconnaître au pays de France : le fromage. Moi-même tel que parlons, me considérons de telle matière : fromage en voie de se faire, encore ignoré du répertoire, encore indéfini et pas du bataillon, pâte en affinage en somme, mais déjà fromage. Charles de Gaulle, se demandant "comment gouverner un pays où il existe trois cent soixante cinq variétés de fromage ?", jamais ne s'est vu lui-même en tant qu'un fromage. En tout cas ouvertement. Pourtant ce bon françois n'estoit pas fait d'autre manière, et la pâte du général avait-elle d'autre allure que fromagère ?


Le fromage c'est moi, la France c'est moi ! En colère, sommes fromage de colère ! Car si sommes nés des bouts émiettés de quelque tête, comme il est vrai, si sommes nés de parlante tête, déjà bien nourrie de fromage autant que de langage, il n'est pas moins vrai que j'aspirons moi-même à la fromagéité, une fromagéité pleine et entière.

Moi, c'est-à-dire Jah Klacan, sachions dès le premier cri que naissions de cette sorte, étant imaginé et formulé par certaine tête parlante, grosse comme elle fut, et toute pleine de bruites et de symboles des diverses choses du monde, qu'elle m'enfanta par voie de langage, oui cela le savons, que sommes fils de caboche, et caboche toute bourrée de bouts de choses disparates appelés mots et formant langage, qui nous a fait naistre par voie de bouche, par où passe langage et fromage. Si voici donc cette gueule crânienne dont sommes fruits, toute bricolante de choses de bouches, toute frémissante de la langue et jouissant de sa propre fromagéité, alors il est juste qu'à mon tour aussi j'aspirons à ça : une pleine et entière fromagéité.

Et toi mon bougre, où est ta fromagéité ? En jouis-tu ? Tes colères, en as-tu tracé toute la carte entière ? En as-tu déplié toute la poche ? As-tu traversé tous les états d'fromagéité, toutes les strates du gruyère de la meule langagière ? As-tu fromagé l’phrasé dans l’épaisseur ? As-tu arpenté ses toises, as-tu toisé ses arpents, as-tu fondé l'idiome qui serait verbance d'un acte en langue de france, garant de fromagéité ? As-tu bâti la yourte ? As-tu yourté la langue ?
Car dans le fond qu'est ce que soyons, sinon yourte en langue ? Cette chose moulée dans mon fromage, formée dans mon langage, fromagée dans ma parole !

Qu'les mots rampent et que les fruits croissent,
et que les fruits tombent, comme tombe le silence !
Que les mots rampent doucement sous les fruits suspendus,
leurs ventres unis à la terre muette !

janvier 06, 2007

Jah Klacan, un redresseur de tore (1)


Dans le monde-poche, qui marine de haine et d'mépris, une colère doit sortir. Une colère doit voir le jour, et bien plus qu'une, moult colères, saines et légitimes colères !
Pleine est la coupe ! Et nos colères verront l'jour ! Toutes sont là, qu'attendions dans nostre bouche ! Bestioles colères, créoles colères, hargnes arabes, rages du jura... Sûr nos mots-colères, vite on les accuserait de bruites barbares, ou de manières de beste !


Barbarie, bestialité, que signifient, que recouvrons de ces pauvres termes, de quelle sâle besogne nous les chargeons ? Ceci l'exigerons, qu'on cesse de nommer telle la saligoterie générale du monde-poche, que cessons l'hypocrisie, qui use des pauvres mots comme barbarie ou bestialité, ou toute autre inadéquate chose, pour désigner des crimes civilisés, les faire passer pour quelque outrance barbare ou pour équivalence animale !
Devons dire que telles saletés sont fruits bouseux de bien raisonnable monstruosité, nés de très civilisée logique saligote, et de toute ces mauvaises sophistications, qui font coller la saleté morale en tout point de la fausse civilisation !
Quand intelligence, raison, ordre et techniques, servent buts si salopardement conçus, que les salopards objectifs peuvent être si courtoisement racontés, en mots si bien définis, clairs, distincts, et politiquement tolérés, alors, que cessons d'insulter bestes et barbarie, que cessons de les en charger, par ces mots qui les représentent dans le langage policé de nostre fier pays, que cessons de les faire assumer tout crime d'homme qui se dit bien civilisé, tout crime de civilisation, grande ou petite, ou tout crime de tel ex-empire de nain comme celui de France, qui se fait passer pour fine fleur de l'humain et crème du vivant !

Tous les mots, qu'ils rampent !
Qu'les mots rampent et gouttent aux routes,
aux stries du territoire-bouillon...
Et que les fruits croissent, et qu'ils tombent,
comme le silence tombe, un silence plein de haine !
Les mots qu'ils rampent
doucement sous les fruits en suspens,
leurs ventres unis à la terre muette !